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CADIO. Si fait, toujours, plus que jamais ; mais tu peux tout auprès de ton colonel : dis-lui que je veux commencer par me battre ici. C’est en Bretagne que je dois et que je saurai faire la guerre. C’est là seulement que je serai bon à quelque chose, et que j’aurai un rapide avancement.

MARIE, à Henri. Vous saurez qu’il pense à cet égard tout le contraire de ce que vous pensez. Il brûle de tuer ses chers concitoyens.

HENRI. Et d’en être récompensé ? Chacun son goût !

CADIO. Oh ! moi, je n’ai ni pays ni famille. Ma patrie, c’est l’armée à présent, et ma destinée, c’est de détruire ceux qui ont une patrie et qui la trahissent. Les Allemands, les Espagnols, ils défendent leur drapeau, je ne leur en veux pas. Mes vrais ennemis sont ici, autour de nous. Je les connais, je sais ce qu’ils veulent et comment ils se battent. Je serai aussi fin qu’eux, — et aussi implacable !

MARIE, bas, à Henri. Vous voyez ! nous ne le changerons pas.

HENRI, à Cadio. Alors, tu veux attendre l’arrivée du général Hoche ?

CADIO. Oui ; est-ce que tu ne veux pas me rendre cela possible ?

HENRI. Puisque tu désires me quitter…

CADIO. Il faut que cela soit.

HENRI. Je croyais à ton amitié !

CADIO. Si tu en doutes, c’est différent ! Je te suis.

HENRI. Je n’ai pas le droit de t’imposer le sacrifice de tes rêves,… de ta destinée, comme tu dis !

CADIO. Si fait, tu as le droit. L’exiges-tu ?

HENRI. Non ; mais je pense que tu vas rejoindre le détachement qui reste au dépôt ?