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feuilles qui poussent jusque sur les marches de la maison ?

MARIE. C’est de l’acanthe ; comme c’est beau ! et voilà des orties, des fraises, des œillets, des ronces… Oh ! que tout cela est nouveau pour moi ! Je ne croyais pas revoir jamais un brin d’herbe, et je vois des feuilles, des fleurs… Et ces grands horizons bleus, ce sont des bois ?… J’ai les yeux affaiblis, tout m’éblouit à présent ; il me semble que je nage dans un rayon de soleil comme ces mouches qui commencent à bourdonner. Comme elles chantent bien, n’est-ce pas ? Je ne chantais pas si bien que cela sur ma tourelle ! Pourvu qu’on ne me reprenne pas !… Ah ! j’ai peur ! Voyez ce que c’est que le bonheur, on devient lâche tout de suite.

HENRI. Oh ! vous, vous ne le serez jamais ! et moi, je suis heureux aussi, allez, de vous avoir conduite à bon port dans ce joli nid de verdure. Adieu, Marie ! non, au revoir ! Reposez-vous ; ce soir, nous causerons.


TROISIÈME TABLEAU

Six semaines plus tard, à la Prévôtière, dans un petit bois qui descend en pente rapide vers le fond d’un étroit ravin. — À travers les branches d’un vieux chêne, on voit une série de ravins boisés qui bleuissent en s’éloignant. — Paysage peu varié, mais frais et charmant. — Marie est assise sur un groupe de rochers à l’ombre du chêne avec plusieurs enfants autour d’elle. Ce sont les enfants du fermier, à qui elle apprend à lire.




Scène PREMIÈRE. — MARIE, deux Enfants.


MARIE. Allez jouer, si vous voulez, mes enfants ; je suis très-contente de vous. (Les enfants s’éloignent, il en reste deux.)