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sauvés, chers amis ! car, pour me délivrer, vous vous êtes exposés à de grands risques ! Est-ce que nous pouvons parler librement ici ?

HENRI. Je présume qu’il n’y a personne ; mais je vais faire une visite domiciliaire avant de nous installer. (Il sort.)

CADIO. Vous avez eu peur, n’est-ce pas ?

MARIE. Oui, pour vous deux, j’ai eu bien peur !

CADIO. Vous vouliez rester prisonnière ! Ça doit être affreux, la prison.

MARIE. Ce qu’il y a de plus affreux, c’est d’entraîner ceux qu’on aime dans le malheur, le reste n’est rien. Ah ! si j’avais pu vaincre votre résistance… mais, en résistant moi-même, je prolongeais votre danger. J’ai dû céder…

CADIO. Et vous avez bravement passé sur la planche : vous êtes une femme courageuse.

MARIE. Non, je suis née timide.

CADIO. C’est comme moi ! On devient dur pour soi en devenant dur pour les autres.

MARIE, étonnée. Mais, non, c’est le contraire, il me semble !

HENRI, revenant. Il n’y a personne. La maison est meublée du strict nécessaire, et le jardin, vous voyez, est complétement à l’abandon. C’est comme partout. On n’ose rien embellir et rien cultiver, parce qu’on craint toujours une visite des chouans ; mais ils ne sont jamais venus ici, et, maintenant, ils n’auraient plus l’audace de porter leurs expéditions si près de la ville ; vous êtes donc aussi en sûreté dans ce petit réduit qu’il est possible de l’être en Bretagne à l’heure qu’il est.

MARIE. Mais vous ! quand on s’apercevra de mon