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LE CHARPENTIER. Robespierre, Couthon, Saint-Just…

HENRI. Eh bien ?

LE CHARPENTIER. À l’échafaud ! morts ! Carrier…

HENRI. Mort aussi ?

LE CHARPENTIER. Non ! le scélérat a aidé à les faire périr, il les a accusés aussi… Tout est fini, tout est perdu. La République est décapitée. La nouvelle vient d’arriver. Les royalistes sont dans l’ivresse, ils s’embrassent dans les rues. On va venir nous égorger. La réaction triomphe… On parle de marcher sur les prisons et de forcer les portes… On sauvera tous les nobles, on jettera à l’eau tous les républicains, car il y en a aussi… Et moi, ils vont m’égorger vivant… Ils me connaissent, ils me couperont en morceaux. Où me cacher ?

HENRI. Fuyez, quittez la ville. Allons ! ne perdez pas la tête. Partez, vous avez le temps !

LE CHARPENTIER. Oui, c’est vrai. Adieu. — Je crierai : « Vive le roi ! » Ils ne me reconnaîtront pas. (Il sort.)




Scène III. — HENRI, CADIO.


CADIO. Cet homme est lâche !

HENRI. Non, il est fou ; mais il a dit quelque chose qui me frappe. S’il y a une émeute royaliste, si on force les prisons… Marie Hoche est républicaine ; elle aura peut-être l’imprudence de se nommer et de dire ce qu’elle pense. Il faut l’avertir, et tout de suite ! Mais comment faire pour ne pas attirer l’attention sur elle ? Ce grenier au-dessus de nous, y es-tu monté quelquefois ?