moi, et commencer à m’exercer avec les nouvelles recrues.
HENRI. Non, tu es encore trop faible… Songe donc, tu as été si malade !
CADIO. Ma blessure est fermée, je n’en souffre plus.
HENRI. Je ne m’inquiète pas de la blessure, mais de la fièvre pernicieuse. Elle t’a mis bien bas, sais-tu ? j’ai été diablement inquiet de toi !
CADIO. C’est fini. J’aurais été fâché de mourir sans avoir rien appris.
HENRI. Et tu as trouvé le moyen d’apprendre beaucoup dans ta convalescence ; c’est même ça qui a retardé la guérison, je parie ! J’ai eu tort d’apporter ces livres.
CADIO. Je n’ai rien appris là dedans.
HENRI. Rien ?
CADIO. Rien que les mots dont on se sert pour dire ce que l’on pense.
HENRI. C’est quelque chose !
CADIO. Oh ! j’en avais déjà lu, des livres ! Il y en avait au couvent où j’ai été. Les livres, c’est beau ; mais la vérité, ça ne se lit pas, ça se trouve en priant Dieu.
HENRI. Tu es toujours mystique, alors ? Soit ; mais, comme il faut te rétablir entièrement au moral et au physique avant de t’exposer aux fatigues du service, qui ne sont pas des plus douces dans ce temps-ci, je vais t’envoyer passer quelques semaines à la campagne.
CADIO. Sans toi ! Pourquoi ça ?
HENRI. Le chirurgien du régiment, qui t’a si bien soigné et qui sait combien je tiens à te voir guéri, dit qu’il te faut changer d’air. Celui de Nantes est empesté,