SAINT-GUELTAS. Pour empêcher M. Cadio d’être inquiété, n’est-ce pas ? Ah ! Louise, quelle insigne folie que ce mariage !
LOUISE. On m’a dit…
SAINT-GUELTAS. On vous a trompée. Il ne vous préserverait pas de la persécution et de la mort.
LOUISE. Eh bien, je dois braver cela plutôt que de perdre ces généreux paysans…
SAINT-GUELTAS. Vous croyez que je vous laisserai au pouvoir d’un Cadio, d’un idiot, d’un fou !
LOUISE. Il n’est rien de tout cela.
SAINT-GUELTAS, irrité et impétueux. Alors, c’est vous qui êtes insensée de croire qu’un homme quelconque ne se prévaudrait pas en pareille circonstance…
LOUISE. Taisez-vous ! Cette pensée calomnie son dévouement, et elle m’outrage !
CADIO, à part, répétant tout bas. Outrage !…
SAINT-GUELTAS. Ah ! pardonne-moi, Louise, ma Louise adorée !… Mais est-il possible que je ne sois pas révolté jusqu’à la fureur en songeant qu’un autre, fût-ce un misérable imbécile, vient de te donner son nom et de recevoir ta main dans la sienne ! C’est un simulacre, je le sais, un engagement nul, arraché par la crainte qu’exercent nos tyrans ; mais il me tarde de laver cette souillure avec mes baisers sur ta main chérie ! Viens, viens ! je ne veux pas que cette brute te voie une heure, une minute de plus !
LOUISE. Impossible avant demain !
SAINT-GUELTAS. Eh bien, vous me forcez à vous le dire… Louise ! votre père n’est pas guéri,… son état est grave,… on n’est pas certain de le sauver. Le temps presse, il réclame vos soins !