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TIREFEUILLE. Je le connais. Il se vante dans le pays d’avoir tué Mâcheballe.

SAINT-GUELTAS. Ah ! alors… tu l’empêcheras de nous suivre.

TIREFEUILLE. Faut-il vous en débarrasser ?

SAINT-GUELTAS. Si c’est nécessaire, s’il menace de nous perdre, oui ! Autrement… Après ça, un coquin de moins…

TIREFEUILLE. Ça Suffit ! (Ils se séparent.)

LA TESSONNIÈRE, bas, à Saint-Gueltas, en le voyant se diriger vers Louise. N’oubliez pas qu’elle ne sait rien de la mort de son père !… et méfiez-vous de ces bleus qui sont là ! Votre figure est si connue !

SAINT-GUELTAS. Allons donc ! ma vie se passe à me moquer d’eux. (Il va couper la ronde et sépare le caporal de Louise, dont il prend la main. Personne n’y fait attention, pas même Louise, qui le prend pour un paysan invité. La danse continue. Tout à coup, Cadio s’interrompt, repasse la cornemuse à Joseph et descend du tonneau.)

REBEC, inquiet. Eh bien, qu’est-ce qu’il y a ?

CADIO. Rien, rien, dansez toujours ! (À part, isolé et regardant Louise.) Saint-Gueltas ! c’est lui, j’en suis sûr. Ah ! voilà le réveil ! Déjà ! J’étais heureux, moi, de pouvoir la préserver. La voir gaie et tranquille un moment ! si belle, si gracieuse à la danse,… et ma musette allait si bien !… J’étais comme dans un songe ! j’oubliais tout !… et voilà le démon !

CORNY, interrompant la danse. Allons, allons, les amis ! le festin vous attend ! Ça n’est pas du fameux ; vous savez la grand’ misère, grand’misère ! Y a des galettes, et des crêpes, et du cidre ; et puis encore du cidre, des crêpes et des galettes. (Bas, au caporal.) Avec quatre ou cinq bouteilles de vin de Saintonge pour les amis qu’on a sous les drapeaux.