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donc gaie ! C’est charmant, le bal champêtre. Puisque nous voilà sauvées de là guillotine !…

CORNY. Minute, minute ! j’allume le fanal ! (Il allume une grosse lanterne de corne qu’il accroche à un pieu.) Joseph ! viens par là, sur le tonneau, mon gars, et joue de ton mieux. (Bas.) Fais du train, c’est tout ce qu’il faut.

CADIO, au garçon qui commence à faire brailler le biniou. Non, Joseph ! rends-moi ça. Tu gâtes la voix à mon biniou. C’est moi qui ferai danser, comme les autres fois !

CORNY, riant. Ah ! par exemple ! un nouveau marié, c’est pas l’usage, ça ! (À Louise.) Faut observer tous les usages !

LOUISE, un peu gênée. Comment, Cadio, vous n’allez pas me faire danser ?

CADIO. Si fait, en vous jouant la danse. Je n’ai dansé de ma vie et ne veux point vous faire rire de moi.

LE CAPORAL DES GARNISAIRES. Alors, c’est moi que j’aurai l’avantage d’inviter la belle Françoise, nonobstant l’autorisation préalable du mari.

CADIO. Oui, oui, allez !

CORNY, à Louise qui hésite. Craignez rien, c’est nos amis et nos répondants ! (Louise donne la main au caporal, Roxane et Rebec font vis-a-vis, tous les autres forment la chaîne avec eux et dansent en rond sur le rhythme cadencé et monotone de la Bretagne. Chacun a le droit de couper la chaîne et de s’y placer où il veut.)

SAINT-GUELTAS, qui a parlé bas avec la Tessonnière, à part. Mariée, elle ! Ah ! j’arrive à temps ! (À Tirefeuille, qui vient par le hangar.) Eh bien, qu’y a-t-il ?

TIREFEUILLE. La barque vous attend. Dépêchez-vous, le brouillard remonte.

SAINT-GUELTAS. Bien,… va… Non, écoute ! Tu vois ce joueur de biniou ?