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c’est ce qu’il faut ! Fais-toi jacobin, hébertiste, porte le bonnet rouge ! Tu es trop tiède, mon cher ! Ma main et ma ferme, à condition que tu seras un démagogue…

LOUISE. Ma tante ! tout cela n’est pas sérieux ?

CORNY. Si fait, demoiselle, faut que ça soit sérieux… pour les bleus, s’entend ! Voyons, Rebec, qu’est-ce qui prouve le mariage pour ces gens-là ? La feuille du registre, pas vrai ?

REBEC. Et les témoins ?

CORNY. Les témoins ?… On en trouvera bien pour dire oui aujourd’hui, et non une autre fois ! Un supposé, vous faites les mariages ce soir ; demain, vous montrez l’acte au délégué ou à son valet ; vous le déchirez après demain, c’est pas plus malin que ça.

LOUISE, à Rebec. Est-ce vrai, ce qu’il dit ?

REBEC. Mais… oui, c’est très-possible ! Vous pensez bien que, le danger passé, je quitte le pays, moi ! Que mon successeur se débrouille !

ROXANE. Et tu déchireras, mon cher, tu déchireras ! Sans ça, pas de ferme !

REBEC. Oh ! soyez tranquille ; je n’ai nulle envie d’être votre mari ! (Bas.) C’est une ferme… en toute propriété ?

ROXANE. Tu veux un engagement signé ?

REBEC. Mais… ça se fait ; verba volant !

ROXANE. Tu l’auras. (À Louise.) Allons, ma nièce, fais comme moi. Choisis ton époux républicain.

CORNY. Y a pas à choisir. J’ai choisi au hasard, mais j’ai mis la main tout de suite sur le bon.

LOUISE. Qui donc ?

CORNY. Cadio !

LOUISE, interdite. Lui ?