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avec vos maris ; pourvu qu’on voie les actes à l’état civil, c’est tout ce qu’on veut, et alors, brigandes ou non, on vous laissera tranquilles. Tant qu’à nous, on ne nous fera point de mal.

LOUISE. Est-ce une loi nouvelle, ces grâces accordées à la condition de pareils mariages ?

REBEC. Mais certainement ! (À Corny, bas.) Je n’en sais, ma foi, rien, mais ça doit être.

CORNY, haut. Ça est ! c’est imprimé !

ROXANE, à Louise. Au fait, je le tiens d’une lettre de madame du Roseray. Quantité de femmes de qualité ont passé par là. C’est le salut.

LOUISE. Ma tante !…

CORNY. Mais voyons, mais voyons, demoiselle ! vous vous imaginez donc que c’est des vrais mariages ? Ah ouiche ! des mariages comme ça, devant le municipal, sans prêtre et sans église ? Vous savez ben qu’à présent on s’en va la nuit dans les bois, nous autres, pour trouver le bon prêtre qui nous marie à la belle étoile du bon Dieu. Si on y allait point, on ne se croirait point mariés… Eh ben, vous, vous n’irez point et y aura rien de fait.

ROXANE. Il a raison, mille fois raison ! Ça ne durera pas six semaines, une loi pareille. Me voilà décidée, moi, je me marie.

REBEC. Avec qui ?

ROXANE. Avec qui ?… Avec toi, gredin !

REBEC. Avec moi ? Miséricorde !

ROXANE. Je te promets une de mes fermes quand le roi sera sur le trône.

REBEC, à part. Diantre ! qui sait ?. (Haut.) Mais je veux conserver mes opinions ! Je suis républicain de cœur et d’âme !

ROXANE. Pardine !