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CORNY. Tiens ! il était donc là encore ?

CADIO, montrant le hangar. Oui, ils m’ont bousculé dans les fagots. Je me suis tenu coi ; j’ai entendu tout.

CORNY, à Louise. Alors, vous savez qu’on viendra demain…

REBEC, agité. Et que je suis perdu, moi ! Trouvez, à vous tous, le moyen de me sauver, ou je monte à cheval, je rejoins le délégué, je vous dénonce, et j’obtiens ma grâce.

ROXANE. C’est peut-être le mieux ! Va, coquin, ça nous donnera le temps de fuir.

LA TESSONNIÈRE. Fuir encore ? avec ma goutte ? J’aime mieux risquer le tout, je reste.

CORNY, à Rebec. Eh ben, et nous autres ? Si vous nous dénoncez, on mettra le feu chez nous, et on nous jettera dans la Loire ?

LOUISE. Mais, si nous restons, vous êtes également perdus ! Ah ! mes pauvres amis, que faire ?

CORNY. Dame, y a un moyen de sauver tout le monde, et c’est le seul.

LOUISE. Alors, c’est le bon ; dites-le vite.

CORNY. Faut vous marier toutes les deux.

ROXANE. Nous marier ? Et avec qui, bon Dieu ?

CORNY. Avec qui que vous voudrez, pourvu que ça soit censé des patriotes. Vous savez bien qu’à Nantes et à Paris des grandes dames se sont sauvées comme ça de la prison et de la mort ; c’était sur votre journal.

ROXANE. Quelle horreur ! Jamais je ne consentirai…

CORNY. Attendez donc, attendez donc ! Il s’agit de trouver deux hommes qui se prêtent à la frime pour vous sauver. On les trouvera ben ! Sitôt le mariage bâclé, chacun ira de son côté. Vous serez censées parties