poste bien doucement. Il faut croire qu’il est blessé.
CORNY. Les v’là, cachons-nous.
REBEC. Non pas, non pas ! Mettons-nous devant la barrière, et crions : Vive la République !
CORNY. Je ne veux point crier ça !
REBEC. Eh bien, agitez votre chapeau et ouvrez la bouche, je crierai pour deux.
CORNY. Ça y est ! (Il agite son chapeau, Rebec crie. Motus, à cheval, vient sur eux.)
MOTUS. C’est bien, assez crié ! Écoutez ce qu’on vous dit ! (À Corny qui se présente.) Sans te déranger, citoyen paysan, as-tu chez toi un charron ?
CORNY. Non, citoyen militaire ; mais on est tous un peu charron en campagne. (Regardant la voiture qui s’arrête devant la porte, escortée des cavaliers.) C’est donc quelque chose à rabigancher à vot’ carrosse ?
MOTUS. Un timon rompu dans vos satanés chemins, soit dit sans vous molester.
CORNY. Oh ! avec quatre éclisses et un bon bout de corde, ça sera vitement remmanché.
MOTUS. Êtes-vous tout seul ? Appelez du monde !
CORNY. Oui, oui ; j’ai là mes garçons, on s’y mettra tous. (Il court vers la grange.)
LE DÉLÉGUÉ DE LA CONVENTION, mettant la tête à la portière et parlant d’une voix âpre et impérative. Eh bien ?
MOTUS. Ça sera fait à la minute, citoyen délégué ; tu peux prendre un peu de repos.
LE DÉLÉGUÉ, descendant de voiture avec l’aide de ses deux secrétaires. Oui, je souffre beaucoup. — Où est l’officier ?
HENRI, paraissant. Le voilà.
REBEC, à part. Lui ? Diable !
LE DÉLÉGUÉ. Commandez la halte.
HENRI. C’est fait, monsieur.