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Sa bande est comme un serpent qu’on coupe par morceaux et qui se rejoint toujours.

LOUISE. Hélas ! pourquoi lutter encore quand l’armée est détruite ?

CADIO. Peut-être que Saint-Gueltas veut vendre cher sa vie. Il y en a qui disent qu’il veut vendre cher sa soumission !

LOUISE. Tu le hais… ne parlons plus de lui.

CADIO. Soit ! et laissez-moi vous parler de l’autre.

LOUISE. Non ! ne me parle plus d’Henri. Je sais à présent qu’il était à la dernière affaire, celle qui nous a porté le dernier coup et qui nous a tous dispersés si misérablement. Saint-Gueltas, lui, couvrait mon père de son corps. Je l’ai vu ! et que sais-je si Henri n’était pas un de ceux qui tiraient sur lui ?

CADIO. Moi, je crois qu’il a été fait prisonnier, et qu’Henri l’a délivré.

LOUISE. Non, non ! la crainte de passer pour un traître l’en eût empêché. Les gens qui ont tant de vertus républicaines n’ont plus de sentimens humains, sois-en sûr… Mais cela te fâche ; tu es républicain, à présent !

CADIO. Non, je ne suis ni pour les uns ni pour les autres. Tous sont devenus cruels comme des bêtes sauvages, et j’aime mieux rencontrer une bande de loups dans les bois qu’un seul homme royaliste ou patriote… Mais lui… si vous lui écriviez…

LOUISE. Non, jamais ! il m’a sacrifiée à son opinion. Il m’a appris qu’une femme de cœur ne doit aimer que celui dont la religion est la sienne. Je ne veux plus écrire à personne. Je supporterai le tourment de l’incertitude, je me résignerai à attendre…

CADIO. Attendre quoi ? Votre parti est fini, allez ! Nous