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LOUISE. Il est méfiant avec vous. Laissez-moi le questionner, j’irai vous dire ce qu’il m’aura appris.

ROXANE. Oui, oui, nous rentrons. D’ailleurs, le soleil d’hiver est très-mauvais. Louise, tu devrais baisser ta coiffe. Tu te gâteras le teint, ma fille, tu auras des taches de rousseur, et c’est affreux.

LOUISE. Je voudrais en avoir et vous en donner, chère tante : cela nous déguiserait mieux que nos habits de paysannes.

ROXANE. Mais songe donc que bientôt nous irons peut-être à Versailles faire notre cour au jeune roi !

LA TESSONNIÈRE, voyant Cadio qui entre dans la ferme. Parlez donc plus bas ! ce ménétrier est très-républicain à présent. Allons, venez ! Vous avez la voix trop forte, vous ! (Il l’emmène.)




Scène V. — LOUISE, CADIO.


LOUISE. Eh bien, Cadio, tu as été jusqu’à Guérande ?

CADIO. Oui, j’ai des nouvelles de Saint-Gueltas. Il est vivant, guéri et libre.

LOUISE. Et il ne m’apporte ni ne m’envoie de nouvelles de mon père ? Il n’en a donc pas ? On me disait qu’il devait l’avoir emmené dans son château du Poitou. Ah ! tiens, on me trompe ! Mon père n’est plus ! et Saint-Gueltas nous oublie !

CADIO. Saint-Gueltas n’a peut-être pas reçu vos lettres. N’arrive pas qui veut dans le pays où il est !

LOUISE. Cadio, si tu y allais, toi ! elles arriveraient.

CADIO. J’irais bien peut-être, mais je n’en reviendrais pas. Les Vendéens fusillent tous ceux qui repassent