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sujette aux propos séditieux. Faites attention à vous, ou je me verrai forcé de sévir et de vous faire arrêter.

ROXANE. Je t’en défie ! Tu sais bien que les princes sont en France… et pas loin d’ici !

REBEC. Savoir !

ROXANE. C’est tout su. Nous sommes mieux informés que toi !

REBEC, à part. Si c’était vrai ! (À Corny, bas.) Je m’en vas pour ne pas me quereller. Envoyez-la souvent coucher au moulin, celle-là ; elle en a besoin. (Il sort, Corny le reconduit.)



Scène IV. — ROXANE, LA TESSONNIÈRE, puis LOUISE.


LA TESSONNIÈRE, qui lit son journal avec des lunettes d’or. Qu’est-ce que vous disiez donc, que les princes… ?

ROXANE. Il faut toujours dire comme cela aux trembleurs qui veulent montrer les dents.

LA TESSONNIÈRE. Vous avez tort, ma chère amie, de fâcher cet homme-là ! S’il le voulait, nous ferions, vous et moi, un vilain mariage républicain sur les bateaux de Nantes !

ROXANE. Je ne lui sais aucun gré de sa discrétion. C’est la peur d’être compromis par nous qui le retient. Ah çà ! qu’est-ce qu’il y a dans votre journal ?

LA TESSONNIÈRE. Rien de nouveau, c’est celui que je relis depuis huit jours.

ROXANE. Vous devriez bien perdre l’habitude de lire ainsi dehors. Vous attirez l’attention…

LA TESSONNIÈRE. Et vous, vous devriez bien ne pas vous parfumer ! Au diable le paysan qui a retrouvé dans les genêts et rapporté votre boîte à odeurs !