Si vous en ôtiez les blessés, les vieux, les femmes et les marmots… C’est avec ça que vous voulez prendre une ville ? Vous feriez mieux de vous retirer sur vos terres, où personne n’oserait vous attaquer.
SAINT-GUELTAS. Oh ! oh ! tu raisonnes, toi ? Tu donnes des conseils ? Va au diable ! Je te chasse.
LA KORIGANE. Mon maître, un mot d’amitié, et je me fais tuer cette nuit.
SAINT-GUELTAS. Va, ma bonne fille, va !
LA KORIGANE. Un mot de tendresse !
SAINT-GUELTAS. Ah ! tu m’ennuies ! File d’un côté ou de l’autre, que je ne te voie plus !
LA KORIGANE. Adieu, mon maître. (À part.) Je me vengerai sur les Sauvières. (Elle sort.)
SAINT-GUELTAS. Si celle-là me quitte, je n’aurai bientôt plus personne… Mais qu’est-ce que c’est que ça ? (Une calèche toute crottée et toute déchirée s’engage dans le chemin creux. — Un paysan la conduit en postillon. — La voiture enfonce jusqu’au moyeu dans une ornière ; un des chevaux s’abat. L’homme jure, des cris de femme partent de la voiture.)
SCÈNE IV. — SAINT-GUELTAS, LA TESSONNIÈRE, ROXANE, un Postillon.
SAINT-GUELTAS. Taisez-vous, sacrebleu ! taisez-vous ! (Au postillon.) Tais-toi, butor ! Et vous, imbéciles, qui allez en calèche dans de pareils chemins ; descendez, et que le diable vous emporte !
ROXANE, (dans la calèche.) Oui, oui, arrêtez, j’aime mieux descendre.
LA TESSONNIÈRE, dans la calèche. Ouvrez la portière, ouvrez !