et de ne rien faire. — Quoi faire à présent en ce bas monde, quand on ne veut pas tuer les autres ?
UNE VOIX, derrière la butte. Cadio ! Oh ! Cadio !
CADIO, effrayé. Qu’est-ce qui m’appelle ? Est-ce moi qu’on cherche ?
LA VOIX, plus près. Hé ! Cadio ! es-tu par là ?
CADIO. On dirait… Non ! c’est un gars.
SCÈNE II. — CADIO, LA KORIGANE, en garçon.
LA KORIGANE. Ah ! j’en étais bien sûre ! J’ai reconnu l’air de ton biniou. Il n’y a que toi dans le monde pour en jouer si bien que ça !
CADIO, incertain et méfiant. Je ne te connais pas, petit ; qu’est-ce que tu me veux ?
LA KORIGANE. Tu ne connais pas le follet ?
CADIO. En garçon, toi ? Est-ce bien vrai, que c’est toi ? Ta figure me paraît toute changée, et ta voix aussi.
LA KORIGANE. M’aimes-tu mieux comme ça ?
CADIO. Non ! je te trouve encore plus laide et plus rauque ; mais tu as donc quitté les brigands ?
LA KORIGANE. Et toi, tu as déserté, pas moins ?
CADIO. Dame ! je n’allais pas avec eux de plein cœur, tu le sais bien !
LA KORIGANE. Mais tu les suivais tout de même à cause de la demoiselle ?
CADIO. La demoiselle ? Qu’est-ce que ça me fait, la demoiselle ?
LA KORIGANE. Tu as été amoureux d’elle, Cadio !
CADIO. Voilà une bêtise par exemple ! Amoureux, moi ? Je ne le serai jamais.