CADIO. C’est comme vous voudrez ; mais qu’est-ce qu’une jeunesse comme vous va faire pour vivre à présent ?
MARIE. Je trouverai quelque part du travail, n’importe lequel. Je ne suis pas difficile.
CADIO. Est-ce que vous avez eu raison de quitter comme ça votre camarade ?
MARIE. Vous avez donc écouté ce que nous disions ?
CADIO. Sans écouter, j’ai entendu.
MARIE. Et vous avez compris que… ?
CADIO. J’ai tout compris.
MARIE. Pourtant vous me blâmez…
CADIO. Dame ! la voilà bien abandonnée, puisque son père est faible, sa tante folle et Saint-Gueltas méchant…
MARIE. Vous croyez que j’aurais dû me laisser avilir ?…
CADIO. On aime les gens, ou on ne les aime pas.
MARIE. Cadio, attendez ! Ce que vous dites là me frappe… Il me semble que la vérité est en vous, pure comme dans l’âme d’un enfant. — Retournons, voulez-vous ? Je serai humiliée, flétrie peut-être par des soupçons et des prétentions… N’importe, si je sauve Louise… J’essayerai du moins, je n’aurai rien à me reprocher.
CADIO. À la bonne heure ! Allez, demoiselle.
MARIE. Ne venez-vous pas avec moi ?
CADIO. Oh ! moi, je ne suis rien, je ne peux rien. Je déteste la guerre, et je veux me sortir de ces vilaines choses. Vous n’avez pas peur pour vous en retourner ? C’est à deux pas.
MARIE. Je n’ai pas peur. Adieu, merci !
CADIO. Merci de quoi ?