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nous, soient comme un jour de fête pour les nobles libérés de la vie. Du milieu plus pur et plus heureux qu’ils habitent désormais, il leur plaît peut-être de jeter les yeux, ce jour-là, sur leurs anciennes demeures et d’écouter parler leurs fidèles amis.

La croyance aux ombres errantes, aux fantômes de ceux qui ne sont plus, cache peut-être, comme toutes les naïves erreurs de l’humanité, une révélation sous un symbole. Il n’est pas nécessaire que ces glorieuses âmes descendent au milieu de nous. Réfugiées dans un ordre de choses supérieur au nôtre, il n’est même pas probable qu’elles soient condamnées à revenir dans cet ici-bas des douleurs humaines. Il est bien plus simple de penser que la vision des faits de notre monde monte vers elles lorsqu’elles l’évoquent, comme celle des choses lointaines se révèle, dit-on, par l’extase magnétique, à des individus doués d’un sens particulier. Ce sixième sens, mystérieusement aperçu chez nous, et non encore bien constaté parce qu’il ne peut être défini, est, sans aucun doute, un des attributs lucides des autres habitants du ciel, du moins de ceux qui ont mérité de monter dans la sphère infinie des êtres.

— Voilà pourquoi, nous disait Louise, je n’aime pas l’idolâtrie de la tombe. Cette terre muette, cette pierre insensible, et les matérielles idées de destruction sauvage qu’elles évoquent, me repoussent plutôt qu’elles ne m’attirent. Je veux que l’on respecte