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éloquemment exposé que les autres, me parait le plus admissible.

— Dieu ne dira jamais le fin mot à aucun homme d’ici-bas, si grand que cet homme puisse être, dit Ernest qui venait d’entrer et qui écoutait ; mais il envoie aux grands penseurs comme aux grands songeurs des rêves qui ne diffèrent pas tant les uns des autres que vous voulez bien le dire. La forme varie dans l’imagination et dans le raisonnement, mais le fond paraît reposer sur un même foyer d’espérance, la liberté progressive pour tous les êtres, commençant à avoir conscience d’elle-même chez l’homme terrestre, et lui permettant de hâter ou de ralentir son développement à travers le temps et l’éternité ; l’immortalité pour tous ; la conscience, la mémoire, la joie au réveil des bons et des sages ; le renouvellement des épreuves pour les mauvais et les fous, avec la réhabilitation pour tous après l’expiation. Moi, j’y crois beaucoup. Et vous autres ?

— Qui sait ? dit Théodore.

— Moi, j’y crois fermement, s’écria Julie.

— Croyons-y tous, dit Louise. Pourquoi nous plairions-nous au doute, quand nos imaginations voient le ciel ouvert, quand nos cœurs sentent une bonté et une justice divines, et quand les plus belles intelligences de ce monde prennent leur plus magnifique essor dès qu’elles entrent dans cette lumière ?