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VARIÉTES LITTÉRAIRES.

Ce n’est donc pas, ce ne peut pas être une réclame officieuse que de revenir sur le livre de Mme Stowe. Nous le répétons, c’est un hommage, et jamais œuvre généreuse et pure n’en mérita un plus tendre et plus spontané. Elle est loin d’ici ; nous ne la connaissons pas, celle qui a fait pénétrer dans nos cœurs des émotions si tristes et pourtant si douces. Remercions-la d’autant plus ! Que la voix attendrie des femmes, que la voix généreuse des hommes et celle des enfants, si adorablement glorifiés dans ce livre, et celle des opprimés de ce monde-ci, traversent les mers et aillent lui dire qu’elle est estimée, qu’elle est aimée !

Si le meilleur éloge qu’on puisse faire de l’auteur, c’est de l’aimer ; le plus vrai qu’on puisse faire du livre, c’est d’en aimer les défauts. Il ne faut pas les passer sous silence, il ne faut pas en éluder la discussion, et il ne faut pas vous en inquiéter, vous qu’on raille de pleurer naïvement sur le sort des victimes au récit des événements simples et vrais.

Ces défauts-là n’existent que relativement à des conventions d’art qui n’ont jamais été, qui ne seront jamais absolues. Si les juges, épris de ce que l’on appelle la facture, trouvent des longueurs, des redites, de l’inhabileté dans ce livre, regardez bien, pour vous rassurer sur votre propre jugement, si leurs yeux sont parfaitement secs quand vous leur en lirez un chapitre pris au hasard.