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« Monsieur, demandai-je à mon voisin, pourriez-vous me dire le nom du gentilhomme qui essuie les pieds de ce mendiant ?

— Quel gentilhomme, monsieur ? Celui qui porte le diable sur sa face ?

— Précisément.

— C’est don Miguel, ex-tyran de Portugal. »

Cooper a eu et a encore une véritable foule d’imitateurs. Le succès européen de ses romans sur l’Amérique a fait éclore par centaines, sous la même forme, les récits de voyages, les événements maritimes, les combats avec les Indiens, les établissements de colons dans le désert, et l’on ne s’est même pas gêné pour tâcher de reproduire la solennelle ligure de Nathaniel. Grâce à toutes ces imitations, nous nous promenons en esprit, à cette heure, dans les solitudes les plus lointaines, et nous connaissons les mœurs des animaux les plus féroces ou des hommes les plus étranges. Mais quelque instruction et quelque amusement que nous puissions trouver dans ces récits, les copistes de Cooper auraient tort de croire qu’en le continuant ils le remplacent. Nous ne regrettons pas que, faute d’une grande et forte personnalité, on s’adonne à l’imitation d’un bon maître. Si l’on a pour soi de l’observation, de la mémoire, et un fonds de souvenirs de voyages intéressants et de spectacles dramatiques, on est encore lu avec curiosité, et si on ne fait de l’art, on répand