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vent les auteurs célèbres ont étonné le public ou l’ont même scandalisé soit par la faiblesse impuissante, soit par l’envieuse dureté de leurs jugements littéraires. Enfermés dans un genre unique ou placés immobiles à un point de vue invariable, beaucoup n’ont pas su comprendre une manière, des procédés, des aspirations, des créations qui s’éloignaient de leur nature et de leur génie.

C’est la bonne chance de notre siècle et du public français qu’un de nos écrivains les plus abondants, les plus profonds, les plus doués pour les fictions du roman, se soit trouvé également souverain pour la critique. Cet écrivain est George Sand.

En lui s’est rencontré l’accord si difficile de toutes les facultés supérieures : observer le réel, inventer, combiner, répandre les idées en Ilots ici tumultueux, là clairs et paisibles, soulever la passion déchaînée, ou suivre dans de sinueuses langueurs les sentiments intimes, harmoniser les drames ou les comédies du cœur avec toutes les natures diverses que l’humanité présente, avec les aspects mêmes des climats et des âges différents, ce sont les jeux de ce beau génie. Non que George Sand soit, à la manière de Goethe, un cœur froid ; l’enthousiasme le saisi ! aisément, le passionne et l’emporte vers les plus magnifiques régions de l’éloquence. Il y a en lui de l’orateur,