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long contact avec un père enthousiaste. Il vivait dans la retraite, il se refusait toute distraction et travaillait avec acharnement pour conserver l’honneur de son nom et préserver sa mère de la détresse. Il fallait bien que tout cela eût une issue, et que ce généreux cœur fît explosion. Nous n’en dirons pas davantage, et c’est même beaucoup trop pour expliquer cette chose impossible qui se voit tous les jours, une aspiration obstinée, violente, immense, vers un but que l’on sait insaisissable. Il y avait déjà longtemps à cette époque que la Fontaine avait dit tout bonnement ce refrain dès lors proverbial :

    Amour, amour, quand tu nous tiens,
    On peut bien dire : « Adieu prudence ! »




II.


Or, pendant que la comtesse causait avec madame Thierry, et Julien avec lui-même, Marcel Thierry causait non loin de là avec son oncle, Antoine Thierry, le vieux garçon, l’ex-armateur, le riche de la famille.

Lecteur bénévole, comme on disait au temps où se passe cette histoire, veuille nous suivre dans la rue Blomet, en partant de l’hôtel d’Estrelle, rue de Babylone, en longeant pendant cinq minutes le mur du