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— Pardonnez-moi, madame, lui dit la comtesse, cette manière d’entrer en relation avec vous ; mais je suis encore un peu en deuil comme vous voyez, je ne fais pas encore de visites, et j’ai, si vous le permettez, quelque chose à vous dire. Pouvez-vous, d’où vous êtes, me donner audience un instant ?

— Oui certes, madame, et avec un très-grand plaisir, répondit madame Thierry sur un ton d’aisance digne et enjouée qui n’avait rien de la petite bourgeoise éblouie d’une avance.

La comtesse fut frappée de sa figure distinguée, du bon goût de sa tenue, de sa voix douce et de je ne sais quel parfum d’élégance répandu dans toute sa personne.

— Asseyez-vous, je vous prie, lui dit-elle en voyant le fauteuil placé dans l’intérieur de l’épaisse embrasure, je ne veux pas vous tenir debout.

— Mais vous, madame ? reprit la veuve en souriant. Ah ! voici une idée ! Si vous le permettez, je vous passerai un siège.

— Non, ne prenez pas cette peine !

— Si fait ! Voici une chaise de canne fort légère, et, à nous deux…

Toutes deux, en effet, firent passer la chaise de canne par-dessus l’appui de la croisée, l’une la soulevant, l’autre la recevant, et souriant toutes deux de cette opération familière qui leur improvisait une sorte d’intimité.

— Voici ce que c’est, dit madame d’Estrelle en