Madame Thierry se leva, répondit affirmativement et lui montra poliment un siége.
Elle aussi avait le visage profondément altéré ; elle avait passé plusieurs nuits à veiller son fils, et, en le voyant se lever et partir malgré ses instances, elle avait compris que la grande crise du drame de sa vie était arrivée.
— Votre fils est malade ? reprit M. Antoine.
— Oui, monsieur.
— Gravement ?
— Dieu veuille que non !
— Il garde le lit ?
— Il vient de se lever.
— Peut-on le voir ?
— Il est sorti, monsieur.
— Alors il n’est pas bien malade ?
— Il l’a été beaucoup jusqu’à la nuit dernière, où il a eu un peu de mieux.
— Qu’est-ce qu’il avait ?
— La fièvre et le délire.
— Un coup de soleil ?
— Non, monsieur.
— Du chagrin peut-être ?
— Oui, monsieur, beaucoup de chagrin.
— Parce qu’il est amoureux ?
— Oui, monsieur.
— Mais c’est bête, d’être amoureux, quand on pourrait être riche !
— Cela ne se raisonne pas, monsieur.