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mon neveu le peintre, parce que mon neveu le peintre m’a manqué, et qu’il ne vous convient pas d’épouser un peintre.

— Voyons, voyons ! dit Marcel interrompant M. Antoine, vous commenciez, vous, à parler raison ; mais voilà votre manie qui vous reprend. C’est une idée fixe, à ce qu’il paraît ! Où diable avez-vous péché cette fantaisie ?

— Non ! dit Julie, finissons-en ! Nous ne nous entendons pas, vous et moi, monsieur Marcel ; je suis lasse d’avoir l’air de feindre, quand mon cœur est sincère, quand j’ai dit devant vous à la marquise assez clairement mes intentions. Laissez-moi donc parler à mon tour et vous déclarer à tous deux que mon mariage avec Julien Thierry est une chose résolue et jurée sans retour. Oui, Marcel, vous serez mon cousin ; oui, monsieur Antoine, vous serez mon oncle. On vous a fort bien renseigné, et vous pouvez payer largement vos espions. À présent que ma déclaration est faite, vous sentez que je suis forcée de retirer les expressions dont je me suis servie pour qualifier votre conduite envers moi. Quelle qu’elle soit désormais, le respect de la parenté doit me fermer la bouche. Libre à vous de m’invectiver, de me calomnier et de me ruiner. Je ne vous répondrai plus un mot, mais je ne vous implorerai pas non plus ; je n’ai point de grâce à vous demander, et plus vous me ruinerez, plus vous augmenterez mon estime et ma reconnaissance pour l’homme qui veut bien se charger de mon sort.