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proche parent de mon voisin, le riche M. Antoine Thierry, dont vous avez certainement entendu parler.

— Ah ! oui, un ancien commerçant.

— Armateur, reprit Marcel. Il a fait sa fortune aux colonies sans jamais mettre le pied sur un navire, et, grâce à d’habiles calculs et à d’heureuses circonstances, il a gagné quelques millions comme qui dirait au coin de son feu.

— Je lui en fais mon compliment, répliqua la baronne. Il habite donc de ce côté-ci ?

— Son hôtel donne sur le nouveau cours ; mais son jardin n’est séparé que par un mur de celui de la comtesse d’Estrelle, et le pavillon se trouve faire un coude entre les deux propriétés. Or, mon oncle pourrait bien acheter ledit pavillon, soit pour régulariser son enclos en le détruisant, soit en le réparant pour en faire une serre ou un logement de jardinier

— Alors, dit la baronne, le riche M. Thierry convoite ce pavillon, et peut-être vous a-t-il déjà chargé…

— Il ne m’a chargé de rien, répondit Marcel par une interruption assez ferme. Il ignore complètement les affaires de mes autres clients…

— Alors vous êtes aussi son procureur ?

— Naturellement, madame la baronne ; ce qui ne m’empêchera pas de lui faire payer le plus cher possible ce qu’il plaira à madame la comtesse de lui vendre, et il ne m’en saura pas mauvais gré. Il connaît trop les affaires pour ne pas savoir la valeur d’un immeuble à sa convenance.