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fût sorti de terre, un homme qui l’effraya tant, qu’elle faillit s’évanouir ; mais il se nomma vite, et elle fit une exclamation de joie : c’était Julien. Elle lui expliqua sa mésaventure en quelques mots assez confus. Julien comprit parce qu’il était déjà à moitié renseigné, et qu’il ne se trouvait point là par hasard.

— Il est inutile que vous attendiez ici votre voiture, lui dit-il, elle n’arrivera probablement pas de sitôt.

— Comment le savez-vous ?

— J’ai été ce soir à la Comédie-Française.

— Vous m’y avez vue ?

— Vous y étiez, madame ? Je l’ignorais.

— Alors…

— Alors je m’explique la rencontre et les paroles de M. Antoine Thierry. Il savait, lui, probablement que vous deviez y être. Il guettait ;… il m’a dit un mot ironique que je n’ai pas compris, et qui pourtant m’a donné à réfléchir. En rentrant au pavillon, je me suis arrêté un peu inquiet devant votre hôtel. Vos gens étaient en émoi. Il paraît que votre cocher était introuvable. Je me suis approché du suisse, qui connaît ma figure, et, le voyant fort troublé, je lui ai demandé s’il vous était arrivé quelque accident fâcheux. Il m’a appris la mort du marquis d’Estrelle, et comme quoi vous étiez accourue ici avec mon cousin Marcel. Votre cocher est survenu ivre-mort et ne comprenant rien à ce qu’on lui enjoignait de votre part. Le suisse m’a quitté en disant qu’une fois sur