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seule dans ce sapin, vous allez donner des ordres ici pour que vos gens se hâtent d’atteler et de conduire votre équipage là-bas.

— Vous pensez à tout pour moi, dit Julie ; je ne sais pas ce que je deviendrais sans vous.

Elle donna des ordres et partit.

— Pensez encore à ceci, lui dit Marcel chemin faisant. Vous n’allez pas trouver la veuve dans les larmes, mais en prière. Que cette sainte apparence ne vous rassure pas sur l’état de son esprit. Soyez sûre qu’elle a pris acte de votre absence, et qu’elle s’arrangera pour vous faire subir un interrogatoire tout au beau milieu de ses oraisons. N’oubliez pas qu’elle vous hait, et que, pour s’autoriser à vous dépouiller le plus possible, elle ne songera qu’à vous trouver en faute.

Julie chercha comment elle expliquerait l’innocente escapade de la soirée.

— Vous ne trouverez rien de mieux que la vérité, reprit Marcel. Dites que vous êtes venue chez moi…

— Chez vous, fort bien ; mais la comédie ? Avec ou sans vous, la comédie est, aux yeux de ma belle-mère, un affreux péché.

— Alors… dites que ma femme était malade, que vous vous intéressez à ma femme,… parce que,… parce qu’elle vous a rendu quelque service… parce qu’elle est charitable, et qu’elle vous seconde dans de bonnes œuvres ! Jetez là-dessus un petit vernis de dévotion ; qu’aura-t-on à vous dire ?