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— D’où il résulte que je suis condamnée à la solitude ?

— Vous l’avez acceptée jusqu’ici avec vaillance, et vous savez bien qu’elle cessera quand vous voudrez.

— Oui, par un mariage ; mais où trouver le mari dans les conditions exigées par le monde et par moi ! Songez donc : il le faut riche, à ce que vous dites, noble, à ce que disent mes amis, et je le veux, moi, aimable et fait pour être aimé ! Je ne le trouverai pas, allez, et je ferai mieux…

Julie n’osa pas achever sa pensée. Marcel ne crut pas devoir la questionner. Il se fit une pause gênante pour tous deux, et Julie s’écria tout à coup :

— Ah ! mon Dieu, n’allez pas croire que je sois tentée de manquer à mes principes et d’avoir une liaison frivole !… Je pensais,… il faut bien que je vous le dise, je pensais que je ferais mieux de souhaiter un mariage obscur où je trouverais le bonheur.

— Obscur ? dit Marcel. C’est comme vous l’entendrez. Il faut à tout le moins que vous exigiez la fortune ; car, j’insiste là-dessus, si vous faites bon marché du rang, la famille d’Estrelle vous abandonne à votre ruine.

— Eh bien, après ?

— Après ? Si l’époux de votre choix est pauvre et que vous lui apportiez des dettes…

— Ah ! oui, vous avez raison ; j’augmente sa pauvreté de toute ma misère et de tous mes dangers. Je