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— Madame la comtesse d’Estrelle ?

Dérision ! comme s’ils avaient à se questionner pour prendre possession l’un de l’autre !

— Est-ce que madame votre mère est sortie ? dit la comtesse.

— Non, madame, je vais l’appeler.

Et Julien ne bougeait pas ; ses pieds étaient comme cloués au carreau.

— Elle est avec mon cousin Marcel Thierry, ajouta-t-il ; dois-je lui dire, à lui aussi, de descendre pour prendre les ordres ?…

— Que personne ne descende ! Je vais monter, si vous me montrez le chemin ; mais attendez ! ajouta-t-elle en voyant que Julien était incapable de se mouvoir. Il serait peut-être bon de prévenir madame votre mère : je ne l’ai pas vue hier ; peut-être n’est-elle pas bien portante ?

— Elle souffrait un peu en effet, répondit Julien.

— Alors,… oui, vous devez la préparer à une émotion… agréable. Dieu merci, et qui pourtant peut la saisir. Faites-lui entendre doucement que je lui apporte de grandes et bonnes nouvelles de M. Antoine Thierry, relativement à la maison de Sèvres.

Julien ne sut pas et ne crut pas devoir résister au désir de remercier madame d’Estrelle. La présence d’esprit lui étant un peu revenue, il la bénit de ce qu’elle faisait pour sa mère en des termes si émus et si délicatement sentis, qu’elle en fut pénétrée, mais non surprise. Avec sa bonne renommée et sa physio-