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— Jamais.

Julien fit ce mensonge avec résolution. Il lui semblait que tout le monde voulût pénétrer son secret, et il était bien décidé à le renfermer avec une méfiance farouche.

— C’est drôle ! reprit l’oncle Antoine, qui avait peut-être aussi quelque soupçon sur son compte, pour ne pas perdre l’habitude de soupçonner tout le monde. Ta mère passe des heures et des jours dans son jardin, on dit même dans son salon, et toi…

— Moi, je ne suis pas ma mère.

— Tu veux dire que tu n’es pas noble ?

— Je veux dire que je ne suis pas d’âge à me présenter chez une personne qui ne reçoit que des gens âgés.

— Et tu regrettes peut-être d’être trop jeune, toi.

— Moi, j’aime beaucoup à être jeune, je vous assure ! répondit Julien riant des réflexions bizarres de son oncle.

L’oncle, dérouté, recommença à marcher par la chambre d’un pas saccadé et agaçant ; puis il dit à Julien :

— Tu en as pour longtemps encore ?

— Pour deux ou trois heures.

— Peut-on regarder ?

— Si vous voulez.

— Eh ! eh ! ça n’est pas mal, ça commence à venir ; mais tu barbouilles tout le fond : où mettras-tu le nom de la plante ? Je le veux en grosses lettres d’or.