Page:Sand - Andre.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée

à André et achever la route à pied ; mais il comprit bien vite qu’André aimait beaucoup mieux accompagner Geneviève, et il prit sa place dans la patache, qui continua le voyage au pas. André offrit son bras à Justine Marteau, afin d’avoir l’occasion d’offrir l’autre à Geneviève au bout de quelques minutes ; mais à peine l’eut-elle accepté qu’André, qui se croyait fort en train de dire les choses les plus sensées du monde, ne trouva plus même à placer un mot insignifiant pour diminuer le malaise d’un silence qui dura près d’un quart d’heure sans aucune cause appréciable.

Ce fut mademoiselle Marteau qui le rompit la première, dès qu’elle eut fini de penser à autre chose ; car elle était préoccupée, soit de la pensée de son trousseau, soit de celle de son fiancé. « Eh bien ! dit-elle, qu’avons-nous donc tous les trois à regarder les étoiles ?

— Je vous assure, répondit André, que je ne pensais pas aux étoiles, et que je les regardais encore moins. Et vous, mademoiselle Geneviève ?

— Moi, je les regardais sans penser à rien, répondit-elle.

— Permettez-moi de ne pas vous croire, reprit André ; je suis sûr, au contraire, que vous réfléchissez beaucoup et à propos de tout.

— Oh ! oui, je réfléchis, répondit-elle ; mais je n’en pense pas plus pour cela, car je ne sais rien, et quand j’ai bien rêvé, je n’en suis pas plus avancée.