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aimait à causer. Peu à peu aussi Geneviève se mêla à la conversation, et ils étaient presque tous à l’aise en arrivant au Château-Fondu. Heureusement pour lui, André avait étudié avec assez de fruit les sciences naturelles, et il pouvait apprendre bien des choses à Geneviève. Elle l’écoutait avec avidité ; c’était la première fois qu’elle rencontrait un jeune homme aussi distingué dans ses manières et riche d’une aussi bonne éducation. Elle ne songea donc pas un instant à s’éloigner de lui et à s’armer de cette réserve qu’elle conservait toujours avec Joseph. Il lui était bien facile de voir qu’elle n’en avait pas besoin avec André, et qu’il ne s’écarterait pas un instant du respect le plus profond.

La matinée fut charmante : on cueillit des fleurs, on dansa au bord de l’eau, on mangea de la galette chaude dans une métairie ; tout le monde fut gai, et mademoiselle Henriette fut enchantée de voir Geneviève aussi bonne enfant. Cependant, lorsque l’après-midi s’avança, Joseph fit observer que le besoin d’un repas plus-solide se faisait sentir, qu’on avait assez admiré le Château-Fondu et qu’il était convenable de chercher un dîner et une autre promenade dans les environs. André tremblait en songeant au voisinage du château de son père et à l’orage qui l’y attendait, lorsque Joseph mit le comble à son angoisse en s’écriant : « Eh ! parbleu ! le château de notre ami André est à deux pas d’ici ; le père Morand est le meilleur des hommes ; c’est mon ami intime,