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échange d’œillades et de facétieux propos, André remarqua que la petite Sophie, la plus jeune des quatre, parlait de lui avec sa voisine ; car elle le regardait maladroitement, à la dérobée, en chuchotant d’un petit air moqueur. Il se sentit plus hardi avec ces fillettes de quinze ans qu’avec la dégagée Henriette, et les somma en riant d’avouer le mal qu’elles disaient de lui. Après avoir beaucoup rougi, beaucoup refusé, beaucoup hésité, Sophie avoua qu’elle avait dit a Louisa :

— Ce monsieur André m’a fait danser deux fois hier soir ; cela n’empêche pas qu’il ne soit fier comme tout, il ne m’a pas dit trois mots.

— Ah ! mon cher André, s’écria Joseph, ceci est une agacerie, prends-en note.

— Cela est bien vrai, interrompit Henriette, qui craignait que la petite Sophie n’accaparât l’attention des jeunes gens ; tout le monde l’a remarqué : André a bien l’air d’un noble ; il ne rit que du bout des dents et ne danse que du bout des pieds ; je disais en le regardant : Pourquoi est-ce qu’il vient au bal, ce pauvre monsieur ? ça ne l’amuse pas du tout.

André, choqué de cette hardiesse indiscrète, fut bien près de répondre : En vérité, mademoiselle, vous avez raison, cela ne m’amusait pas du tout ; mais Joseph lui coupa la parole en disant :

— Ah ! ah ! de mieux en mieux, André ; mademoiselle Henriette t’a regardé ; que dis-je ? elle t’a con-