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Quelques jours avant sa mort, Henriette vint la voir, et lui demanda pardon, à genoux et en sanglotant, de sa conduite folle et cruelle. Geneviève la pressa contre son cœur et lui promit de prier pour elle dans le ciel.

Le dernier jour, Geneviève pria André de lui apporter plus de fleurs qu’à l’ordinaire, d’en couvrir son lit et de lui faire un bouquet et une couronne. Quand il les eut apportées, il s’aperçut qu’il y avait des tubéreuses et voulut les retirer dans la crainte que leur parfum ne lui fit mal ; Geneviève le força de les lui rendre. « Donne, donne, André, lui dit-elle, tu ne sais pas quel bien j’en espère ; le moment de souffrir et de mourir est venu : puissent-elles me servir de poison et m’endormir vite ! » Joseph entra en ce moment ; elle lui tendit la main et le fit asseoir près d’elle ; elle passa son autre bras autour du cou d’André et appuya sa joue froide contre la sienne : Ils voulurent lui parler. « Taisez-vous, leur dit-elle, je pense à quelque chose, je vous répondrai plus tard. » Elle resta ainsi une demi-heure. Joseph sentit alors un léger tressaillement ; il baisa la main qu’il tenait, elle était raide et froide.

— André, dit-il d’une voix étouffée, embrasse ta femme.

André embrassa Geneviève ; il la regarda : elle était morte.

André fut malade pendant un an. L’infortuné n’eut pas la force de mourir. Joseph ne le quitta pas un