il embrassa son fils et Geneviève, et déclara qu’il accordait la pension de douze cents francs. Les malheureux jeunes gens n’étaient guère en état de songer au sujet de la querelle. André eut, pendant trois jours, un tremblement nerveux de la tête aux pieds. Son père radoucit sensiblement ses manières accoutumées, mit sa servante à la porte, et témoigna presque de la tendresse à Geneviève ; mais il n’était plus temps : son enfant était mort ce jour-là dans son sein ; elle ne le sentait plus remuer, et elle attendait tous les jours avec un courage stoïque les atroces douleurs qui devaient la délivrer de la vie.
Le brave médecin qui avait soigné André vint la voir et lui demanda comment elle se trouvait. Geneviève l’emmena dans le verger, et quand ils furent seuls, « Mon enfant est mort, lui dit-elle d’un air triste et calme, et moi je mourrai aussi ; dites-moi si vous croyez que ce sera bientôt. » Le médecin n’eut pas de peine à le croire et vit qu’elle était perdue, mais qu’elle avait du courage.
— Au moins, lui dit-il, vous mourrez sans trop souffrir ; vous n’aurez pas la force d’accoucher. Vous avez un anévrisme au cœur, et vous étoufferez dès les premiers symptômes de délivrance.
— Je vous remercie de cette promesse, dit Geneviève, et je remercie Dieu, qui m’épargne à mon dernier moment. J’ai assez souffert dans cette vie ; il a fini avec moi.