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André ; mais il ne pouvait croire à l’excessive noblesse de sa femme, et n’était pas tranquille sur l’abandon qu’elle faisait de toute prétention d’argent. Il consulta Joseph, qui, ennuyé de cette affaire, et près d’éclater en injures et en reproches contre le marquis, refusa de s’en occuper, et répondit laconiquement que Geneviève était la plus honnête femme qu’il connût. Cette réponse redoubla la méfiance du marquis. Il trouvait une contradiction évidente dans les manières de Joseph avec lui. Il commença à se tourmenter et à tourmenter André pour qu’il signât un désistement complet de la gestion et de la jouissance de sa fortune. André fut indigné de cette proposition et l’éluda froidement. Le marquis s’inquiéta de plus en plus. « Ils m’ont trompé, se disait-il ; ils ont fait semblant de se soumettre à tout, et ils se sont introduits dans ma maison dans l’espérance de me dépouiller. »

Dès que cette idée eut pris une certaine consistance dans son cerveau, son aversion contre Geneviève se ranima, et il commença à ne plus pouvoir la cacher. Une grosse servante maîtresse, qui depuis longtemps gouvernait la maison, et qui avait vu avec rage l’introduction d’une autre femme dans son petit royaume, mit tous ses soins à envenimer, par de sots rapports, ses actions, ses paroles et jusqu’à ses regards. Elle n’eut pas de peine à aigrir les vieux ressentiments du marquis, et l’infortunée Geneviève devint un objet de haine et de persécution.