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revoir le marquis. Une foire considérable avait appelé le seigneur de Morand à plusieurs lieues de chez lui, et il ne revint qu’à la fin de la semaine. Il rentra un soir, s’enferma dans sa chambre, et déposa dans une cachette à lui connue quelques rouleaux d’or provenant de la vente de ses bestiaux. « Ceux-là, dit-il en refermant le secret de la boiserie, on ne me les arrachera pas de si tôt. Il revint s’asseoir dans son fauteuil de cuir et s’essuya le front avec la douce satisfaction d’un homme qui ne s’est pas fatigué en vain. En ce moment ses yeux tombèrent sur une petite lettre d’une écriture inconnue qu’on avait déposée sur sa table ; il l’ouvrit, et après avoir lu les cinq ou six lignes qu’elle contenait, il se frotta les mains avec une joie extrême, retourna vers son argent, le contempla, relut la lettre, serra l’argent, et sortit pour commander son souper d’un ton plus doux que de coutume. Comme il entrait dans la cuisine, il se trouva face à face avec Joseph, qui attendait son retour depuis plusieurs heures, et qui était venu pour lui porter le dernier coup ; mais cette fois toutes les batteries du brave diplomate furent déjouées.

— Eh bien ! mon cher, lui dit le marquis en lui donnant amicalement sur l’épaule une tape capable d’étourdir un bœuf, nous sommes sauvés ; tout est réparé, arrangé, terminé, tu sais cela ? c’est toi qui as apporté la lettre ?

— Quelle lettre ? dit Joseph renversé de surprise.