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pardon, l’embrasser, lui présenter sa femme, et rien de plus. Demeurer avec lui était un projet qui l’effrayait extrêmement. Au milieu de ses hésitations et de ses répugnances, Joseph fut frappé de l’indolence et de l’inertie avec laquelle il envisageait sa position et la pauvreté où se consumait Geneviève.

— Malheureux ! lui dit-il, tu ne songes donc pas que l’important n’est pas de jouer une scène de comédie sentimentale, mais d’avoir du pain pour ta femme et l’enfant qu’elle va te donner ! Il faut bien se garder d’accepter cette première proposition de ton père sans arracher de son avarice quelque chose de mieux : une pension alimentaire au moins, et une moitié de ton revenu, s’il est possible.

— Mais par quel moyen ? dit André ; je ne puis avoir recours aux lois sans que Geneviève en soit informée ; tu ne connais pas sa fermeté : elle est capable de me haïr si je viole sa défense.

— Aussi, reprit Joseph, faut-il lui cacher soigneusement mes démarches et me laisser faire.

André s’abandonna à la prudence et à l’adresse de son ami, trop faible pour combattre son père et trop faible aussi pour empêcher un autre de le combattre en son nom. Toujours effrayé, inerte et souffrant entre le bien et le mal, il retourna auprès de sa femme, feignit de partager son contentement, et s’endormit fatigué de la vie, comme il s’endormait tous les soirs.

Quelques jours s’écoulèrent avant que Joseph pût