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— Diable ! mais c’est une dépense que de retourner un pâtural comme celui-là.

— C’est une dépense qui prend trois ans du revenu de la terre. Peste ! je ne recule devant aucun sacrifice pour améliorer mon bien.

— Ah ! dit Joseph avec un grand soupir, qu’André est coupable de mécontenter un père comme le sien ! Il sera bien avancé quand il aura retiré son héritage des mains habiles qui y sèment l’or et l’industrie, pour le confier à quelque imbécile de paysan qui le laissera pourrir en jachères !

Le marquis tressaillit de nouveau et marcha quelque temps les mains croisées derrière le dos et la tête baissée. « Tu crois donc qu’André aurait cette pensée ? dit-il enfin d’un air soucieux.

— Que trop ! répondit Joseph avec une affectation de tristesse laconique. Heureusement, ajouta-t-il après cinq minutes de marche, que son héritage maternel est peu de chose.

— Peu de chose ! dit le marquis ; peste ! tu appelles cela peu de chose ! un bon tiers de mon bien, et le plus pur et le plus soigné !

— Il est vrai que ce domaine est un petit bijou, dit Joseph ; des bâtiments tout neufs !

— Et que j’ai fait construire à mes frais, dit le marquis.

— Le bétail superbe ! reprit Joseph.

— La race toute renouvelée depuis cinq ans,