Page:Sand - Andre.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée

dant d’un air stupéfait. Enfin, il n’y a que toi au monde pour avoir de pareilles idées ! Écrire à un jeune homme ! tu trouves cela tout simple ! et me donner la lettre, à moi qui suis sa maîtresse ! et me dire : La voilà ; elle n’est pas cachetée, tu ne la liras pas.

— Est-ce que j’ai tort de croire à ta délicatesse ? dit Geneviève écrivant toujours.

— Non, certes ; mais enfin c’est une commission bien singulière ; et moi qui viens de faire une scène épouvantable à Joseph, quelle figure vais-je faire en lui portant une lettre de toi ? une lettre !…

— Mais, ma chère, dit Geneviève, une lettre est une lettre ; qu’y a-t-il de si tendre et de si intime dans l’envoi d’un papier plié ?

— Mais, ma chère, répondit Henriette, entre jeunes gens et jeunes filles on ne s’écrit que pour se parler d’amour. De quoi peut-on se parler, si ce n’est de cela ?

— En effet, je lui parle d’amour, répondit Geneviève, mais de l’amour d’un autre. Va, Henriette, emporte ce billet, et ne le remets pas demain avant midi. Embrasse-moi. Adieu !




XVI.


Geneviève passa la nuit à mettre tout en ordre. Elle fit ses cartons, et en touchant toutes ces fleurs