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— Oui, oui, Henriette ; tu sauras tout cela plus tard ; aujourd’hui il m’est impossible de t’en parler ; ce n’est pas manque de confiance en toi, mon enfant. Je t’écrirai de Guéret, et tu approuveras toute ma conduite… Parlons de toi ; tu as donc des chagrins aussi ?

— Oh ! des chagrins à devenir folle ; et c’est toi, ma pauvre Geneviève, qui en es cause, bien innocemment sans doute ! Mais que veux-tu que je te dise ? je ne peux pas m’empêcher d’être bien aise de ton départ ; car enfin tu vas être heureuse avec ton amant, et moi je retrouverai peut-être le bonheur avec le mien.

— Vraiment, Henriette, je ne savais pas qu’il fût ton amant. Tu m’as toujours soutenu le contraire quand je t’ai plaisantée sur lui. Tu te plains de n’avoir pas ma confiance ; que te dirai-je de la tienne, menteuse ?

Henriette rougit ; puis, reprenant courage : « Eh bien ! c’est vrai, dit-elle, j’ai eu tort aussi ; mais le fait est qu’il m’aimait à la folie il n’y a pas longtemps, et, malgré toute ma prudence, il s’y est pris si habilement, le sournois ! qu’il a réussi à se faire aimer. Eh bien ! le voilà qui pense à une autre. Le scélérat ! depuis cette maudite promenade que vous avez faite ensemble au clair de la lune pour aller voir André qui se mourait, M. Joseph n’a plus la tête à lui : il ne parle que de toi, il ne rêve qu’à toi, il ne trouve plus rien d’aimable en moi. Si je crie à la vue d’une