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demande, c’est de rester avec lui et de me laisser Joseph.

— Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? demanda Geneviève avec un dédain glacial.

— Je veux dire, s’écria Henriette en colère, que tu es une petite coquette hypocrite et effrontée ; que tu n’as pas l’air d’y toucher, mais que tu sais très-bien attirer et cajoler les hommes qui te plaisent. C’est un bonheur pour toi d’être si méprisante et d’avoir le cœur si froid ! car tu serais sans cela la plus grande dévergondée de la terre. Sois ce qu’il te plaira, je ne m’en soucie pas ; mais prends tes adorateurs ailleurs que sous mon bras. Je ne chasse pas sur tes terres ; je n’ai jamais adressé une œillade à ton marjolet de marquis. Si j’avais voulu m’en donner la peine, il n’était pas difficile à enflammer, le pauvre enfant, et mes yeux valent bien les tiens…

Geneviève, révoltée de ce langage, haussa les épaules et détourna la tête vers la fenêtre. « Oui ! oui ! continua Henriette, fais la sainte victime, tu ne m’y prendras plus. Écoute, Geneviève, fais à ta tête, prends deux ou trois galants, couvre-toi de ridicule, livre-toi à la risée de toute la ville, je n’y peux rien et je ne m’en mêlerai plus ; mais je t’avertis que si Joseph Marteau vient encore ici demain passer deux heures tête à tête avec toi, comme il fait tous les soirs depuis quinze jours, je viendrai sous ta fenêtre avec un galant nouveau ; car je te prie de croire que je ne suis pas au dépourvu, et que j’en trouverai