Page:Sand - Andre.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

Geneviève eut sur les lèvres un sourire imperceptible. Ce fut toute l’expansion d’une âme offensée et déchirée à jamais.

« Et j’ai promis, reprit Joseph, de donner pour lui mon dernier vêtement et ma dernière goutte de sang ; pour lui et pour vous, entendez-vous, mademoiselle Geneviève ? »

Elle le remercia d’un air distrait qu’il prit pour de l’incrédulité.

— Oh ! vous ne vous fiez pas à mon amitié, je le sais, dit-il. André doit vous avoir raconté que dans les temps j’étais un peu contraire à votre mariage ; je ne vous connaissais pas, Geneviève ; à présent je sais que vous êtes un bon sujet, un bon cœur, et je ne ferais pas moins pour vous que pour ma propre sœur.

— Je le crois, mon cher monsieur Marteau, dit Geneviève en lui tendant la main. Vous m’avez donné déjà bien des preuves d’amitié durant cette cruelle quinzaine. À présent je suis tranquille sur la santé d’André, et, grâce à vous, j’ai supporté sans mourir les plus affreuses inquiétudes. Je n’abuserai pas plus longtemps de votre compassion ; j’ai une cousine à Guéret qui m’appelle auprès d’elle, et je vais la rejoindre.

— Comment ! vous partez ? dit Joseph, dont la figure prit tout à coup, et à son insu, une expression de tristesse qu’elle n’avait peut-être jamais eue. Et quand ? et pour combien de temps ?