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un peu de mobilité, et il semble qu’il cherche à comprendre sa situation.

En effet, André, après la profonde insensibilité qui avait suivi son accès de délire, commençait à retrouver la mémoire, et, à mesure qu’il distinguait les traits de Geneviève, une expression de joie enfantine commençait à se répandre sur son visage affaissé. La main de Geneviève qui serra la sienne acheva de le réveiller. Il eut un mouvement convulsif ; et, se tournant vers les personnes qui l’entouraient et qu’il reconnaissait encore confusément, il leur dit avec un sourire naïf et puéril : « C’est Geneviève ! » et il se mit à la regarder d’un air doucement satisfait.

— Eh bien ! oui, c’est Geneviève ! dit le marquis en prenant le bras de la jeune fille et en la poussant vers son fils ; puis il alla s’asseoir auprès de la cheminée, moitié heureux, moitié colère.

— Oui, c’est Geneviève ! disait Joseph triomphant, en criant beaucoup trop fort pour la tête débile de son ami.

— C’est Geneviève, qui a prié pour vous, dit le curé d’une voix insinuante et douce en se penchant vers le malade. Remerciez Dieu avec elle.

— Geneviève !… dit André en regardant alternativement le curé et sa maîtresse d’un air de surprise ; oui, Geneviève et Dieu !

Il retomba assoupi, et tous ceux qui l’entouraient gardèrent un religieux silence. Le médecin plaça une