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bois, et son front s’éclaircissait comme au retour d’une douce pensée.




II.


Au profond ennui qui rongeait André, l’attente d’une femme selon son cœur venait, depuis quelque temps, mêler des souffrances et des douceurs plus étranges. Il est à croire que rien d’impur n’aurait pu germer dans cette âme neuve, rien de laid se poser dans cette jeune imagination, et que sa péri enfin était belle comme le jour. Autrement se serait-il pris à pleurer si souvent en songeant à elle ? l’aurait-il appelée avec tant d’instances et de doux reproches, l’ingrate qui ne voulait pas descendre du ciel dans ses bras ? serait-il resté si tard le soir à l’attendre dans les prés humides de rosée ? se serait-il éveillé si matin pour voir lever le soleil, comme si un de ses rayons allait féconder les vapeurs de la terre et en faire sortir un ange d’amour réservé à ses embrassements ?

On le voyait partir pour la chasse, mais revenir sans gibier. Son fusil lui servait de prétexte et de contenance ; grâce à ce talisman, le jeune poëte traversait la campagne et bravait les rencontres, sans danger d’être pris pour un fou ; il cachait son sentiment le plus cher avec un volume de roman dans la poche de sa blouse ; puis, s’asseyant en