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voyait aux fenêtres, ou plutôt entraînée par cette main invisible qui rapproche les amants, se précipitait, palpitante et pâle, dans la chambre d’André. Mais à peine en eut-elle passé le seuil que le marquis, s’élançant vers elle avec fureur, s’écria en levant le bras d’un air menaçant :

« Qu’est-ce que je vois là ? qu’est-ce que cela veut dire ? Hors d’ici, intrigante effrontée ! espérez-vous venir débaucher mon fils jusque dans ma maison ? Il est trop tard, je vous en avertis ; il est mourant, grâce à vous, mademoiselle ; pensez-vous que je vous en remercie ? »

Geneviève tomba à genoux.

— Je n’ai pas mérité tout cela, dit-elle d’une voix étouffée ; mais c’est égal, dites-moi ce que vous voudrez, pourvu que je le voie… laissez-moi le voir, et tuez-moi après si vous voulez !

— Que je vous le laisse voir, misérable ! s’écria le marquis, révolté d’une semblable prière. Êtes-vous folle ou enragée ? Avez-vous peur de ne pas nous avoir fait assez de mal, et venez-vous achever mon fils jusque dans mes bras ?

La voix lui manqua, un mélange de colère et de douleur le prenant à la gorge. Geneviève ne l’écoutait pas ; elle avait jeté les yeux sur le lit d’André, et le voyait pâle et sans connaissance dans les bras du médecin et du curé. Elle ne songea plus qu’à courir vers lui, et, se levant, elle essaya d’en approcher malgré les menaces du marquis.