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— Je dis que François a de fameuses jambes, répondit Joseph.

— Et que la Providence veillait sur nous, reprit Geneviève avec un accent si sincère et si pieux que Joseph se retourna tout à fait ; et, en voyant son regard inspiré, son visage pâle et presque angélique, il n’osa plus penser à sa jambe et sentit comme une espèce de remords de l’avoir tant remarquée en un semblable moment.

Ils arrivèrent sans autre accident à la métairie où Joseph voulait laisser Geneviève. Cette métairie lui appartenait, et il croyait être sûr de la discrétion de ses métayers ; mais Geneviève ne put se décider à affronter leurs regards et leurs questions. Elle pria Joseph de la déposer sur le bord du chemin, à un quart de lieue du château.

— C’est impossible, lui dit-il. Que ferez-vous seule ici ? vous aurez peur et vous mourrez de froid.

— Non, répondit-elle ; donnez-moi votre manteau. J’irai m’asseoir là-bas, sous le porche de Saint-Sylvain, et je vous attendrai.

— Dans cette chapelle abandonnée ? vous serez piquée par les vipères ; vous rencontrerez quelque sorcier, quelque meneur de loups !

— Allons, Joseph, est-ce le moment de plaisanter ?

— Ma foi ! je ne plaisante pas. Je ne crois guère au diable ; mais je crois à ces voleurs de bestiaux qui font le métier de fantômes la nuit dans les pâturages. Ces gens-là n’aiment pas les témoins et les